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lundi 19 août 2013
lundi 5 août 2013
La chronique d'Olivier du 31 juillet dernier...
Chronique IV : Mercredi 31 juillet 2013 //
Etudes de tristesse, texte de Christian Dumais-Lvowski lu par Redjep Mitrovitsa
Propos : Études de tristesse
narre le voyage intérieur d’un enfant “né du vide”, qui pose un regard
doux-amer sur des souvenirs des trente premières années de sa vie. Un roman du
désir et de la beauté, conduit avec tendresse dans une langue élégante et
ciselée.
Une écriture qui s’attache aux perceptions, qui véhicule la mélancolie
attachée aux pas de Félix, le narrateur. Un état feutré où les mots ont la
légèreté de la danse.
Ruptures, séparations, voyage, initiation, angoisse,
peur, un très court roman d’humeur vagabonde et poétique, qui par son seul
titre, intrigue déjà.
La
chronique d’Olivier :
Bonsoir,
Permettez-moi tout d’abord, pour introduire
cette chronique, de vous faire part de ma réelle surprise ce soir.
En effet, au regard du titre de cette
lecture qui est proposée dans le cadre des Contre-Plongées, à savoir « Etudes de tristesse », je m’attendais à m’adresser
à un parterre de plaintifs et mystiques gothiques, aux dernières dépressives fans
des Cure, voire à la famille Adams au grand complet, mais certainement pas à un
public dont la caractéristique principale est, reconnaissez-le, sa parfaite
banalité.
Un véritable concentré de Monsieur et Madame
tout-le monde pour tout dire, on se croirait presque au Puy-du-Fou.
Alors, je sais que ce soir c’est gratuit ;
mais tout de même, n’aviez-vous d’autres solutions pour vous divertir, en
pleine période estivale, que d’assister à une lecture, ce qui en soi,
convenez-en, est déjà douteux, à Clermont-Ferrand, no comment, d’une œuvre
intitulée : « Etudes de tristesse »
« Etudes de tristesse », non mais
sincèrement quelle idée… même si le texte signé du très talentueux Christian
DUMAIS-LVOWSKI est magnifique, ça, j’en conviens, mais quand même, « études
de tristesse ».
D’autant que si vous teniez vraiment à
étudier la tristesse, n’aurait-il pas mieux valu rester tout seul chez vous,
parce que si la tristesse peut revêtir différentes formes, elle puise toujours
son origine à la même source, à savoir la solitude du cœur.
Ce n’est pas moi qui l’affirme mais le
grand Montesquieu lui-même. Je le cite : « la tristesse naît de
la solitude du cœur qui se sent toujours fait pour jouir et qui ne jouit pas,
qui se sent toujours fait pour les autres et qui ne les trouve pas ».
Alors évidemment, c’est de la philosophie et
ça peut paraître un peu abscons, mais en fait, la thèse du grand homme est
déconcertante de limpidité pour peu qu’on se donne la peine de l’illustrer concrètement,
voyez plutôt.
Alors voilà, il faut imaginer que l’homme
est un peu, si vous le voulez, comme un artichaut, il a un cœur et on souhaite
y accéder. Sauf que l’on rencontre tout de suite un obstacle, à savoir, les
feuilles.
Dans la proposition de Montesquieu, ces
feuilles symbolisent l’ensemble des normes sociales qui structurent et
définissent l’individu. Pour accéder au cœur, il faut donc savoir les repérer
et les écarter. Et elles sont nombreuses les normes sociales. Il y a évidemment
la langue maternelle, les références culturelles, le niveau d’étude,
l’appartenance à une classe sociale, la religion, le positionnement politique,
la culture familiale, les habitudes de consommation, le lieu de résidence, etc,
etc, bon, on va pas y passer la soirée tant elles sont nombreuses ces normes
sociales, bon alors, où j’ai mis ça, ha voilà, bouchez-vous les oreilles,
BOUM !
Bien, une fois qu’on a fait péter les
normes sociales, on n’accède toujours pas au cœur, mais aux poils, qui, on
l’aura compris, symbolisent la zone des pulsions, des instincts, bref, de notre animalité.
Donc, en conclusion, Montesquieu nous
explique que si on ne sait pas décrypter les normes sociales ou maîtriser ses
instincts, on ne touche pas le cœur de l’autre, on reste seul avec soi-même, et
de là surgit la tristesse, ce qui n’est pas rien puisque comme l’écrivait le
grand Victor Hugo, « l’enfer est
tout entier contenu dans ce mot : solitude ».
Ha mais…, mais ne serait-ce pas là la
raison première de votre présence ici ce soir. Ne seriez-vous donc pas en train
de fuir justement l’enfer de cette solitude qui caractérise tant notre triste
et soit-disant moderne époque.
Vous prenez encore le risque, sans crainte
et sans armure comme disait Jacques Brel, de partager ensemble des émotions
autour de cette lecture, quand bien même serait-ce une étude de tristesse, avec d’autres personnes que vous ne
connaissez même pas mais qui vous ressemblent tant.
Je vous aurais alors mal jugé ? Vous
n’auriez en fait rien de commun avec la morne banalité.
Loin
des anonymes « Monsieur et Madame tout-le-monde », vous seriez en
fait les dignes représentants de ces si rares rêveurs qui n’ont pas honte de croire à la
possibilité d’un bonheur réellement partagé à l’heure où, il faut bien le
dire, il est de si bon ton de se
consoler l’âme avec les factices relations nouées avec des centaines d’amis
virtuels dont on ne connaît pas même le visage ou de tromper l’absence en
remplissant sans passion son caddy de corps étrangers attrapés à la va-vite
dans les rayonnages glauques et impersonnels des sites de rencontres.
Vous me donnez subitement l’envie de me
joindre à vous pour suivre cette « Etudes de tristesse »,
histoire de nourrir le fol espoir de terminer pour une fois cette journée par
un « au revoir » plein de
promesses, au lieu des trop habituels et ordinatiques « quitter ;
quitter ; éteindre »
Belle lecture, bonne soirée.
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