mercredi 20 novembre 2013

Ca se passe les 22 et 23 novembre...

Dernière minute : malheureusement, la conférence sur la relation éducative est annulée...

lundi 4 novembre 2013

Le Procès de Pinocchio au Festival L'humour sur un plateau


Dimanche, nous jouons Le Procès de Pinocchio à Orcet (63) dans le cadre du Festival L'Humour sur un Plateau.
C'est à 17H. 
Venez avec vos enfants et si vous n'en avez pas, adoptez-en quelques-uns pour l'occasion.



Le Procès de Pinocchio : http://vimeo.com/alicevj/athrapinocchio

mercredi 30 octobre 2013

vendredi 25 octobre 2013

Le Procès de Pinocchio le 26 octobre à La Monnerie Le Montel dans le cadre du Festival LES AUTOMNALES !

POUR PASSER UN WEEK-END INOUBLIABLE, AYEZ DU NEZ... 
c'est samedi 26 octobre, à 20H30, que ça se passe.


jeudi 19 septembre 2013

Les Aventures du Magnifico

Sorte de Molière sous acide ou de Labiche halluciné...
à ne pas manquer !


lundi 9 septembre 2013

Le Procès de Pinocchio, le teaser

Le Procès de Pinocchio à Aubière le 13 septembre à 20H30

Le Tribunal Régional Itinérant s'installe sur la place de l'Eglise d'Aubière. 

Pinocchio sera jugé le vendredi 13 septembre à 2013.


"Si Pinocchio est un menteur, c'est que les autres, alors, diraient la vérité ?"

lundi 19 août 2013

Les Aventures du Magnifico à Aurillac !!!


Les Aventures du Magnifico seront au Festival d'Aurillac du 21 au 24 août à 16H20 au Terrain de Sport de la Jordanne...
Photo : Les Aventures du Magnifico seront au Festival d'Aurillac du 21 au 24 août à 16H20 au Terrain de Sport de la Jordanne...

lundi 5 août 2013

La chronique d'Olivier du 31 juillet dernier...


Chronique IV : Mercredi 31 juillet 2013 //
Etudes de tristesse, texte de Christian Dumais-Lvowski lu par Redjep Mitrovitsa

Propos : Études de tristesse narre le voyage intérieur d’un enfant “né du vide”, qui pose un regard doux-amer sur des souvenirs des trente premières années de sa vie. Un roman du désir et de la beauté, conduit avec tendresse dans une langue élégante et ciselée.
Une écriture qui s’attache aux perceptions, qui véhicule la mélancolie attachée aux pas de Félix, le narrateur. Un état feutré où les mots ont la légèreté de la danse.
Ruptures, séparations, voyage, initiation, angoisse, peur, un très court roman d’humeur vagabonde et poétique, qui par son seul titre, intrigue déjà.

La chronique d’Olivier :
Bonsoir,
Permettez-moi tout d’abord, pour introduire cette chronique, de vous faire part de ma réelle surprise ce soir.
En effet, au regard du titre de cette lecture qui est proposée dans le cadre des Contre-Plongées, à savoir  « Etudes de  tristesse », je m’attendais à m’adresser à un parterre de plaintifs et mystiques gothiques, aux dernières dépressives fans des Cure, voire à la famille Adams au grand complet, mais certainement pas à un public dont la caractéristique principale est, reconnaissez-le, sa parfaite banalité.
Un véritable concentré de Monsieur et Madame tout-le monde pour tout dire, on se croirait presque au Puy-du-Fou.
Alors, je sais que ce soir c’est gratuit ; mais tout de même, n’aviez-vous d’autres solutions pour vous divertir, en pleine période estivale, que d’assister à une lecture, ce qui en soi, convenez-en, est déjà douteux, à Clermont-Ferrand, no comment, d’une œuvre intitulée : « Etudes de  tristesse »
« Etudes de tristesse », non mais sincèrement quelle idée… même si le texte signé du très talentueux Christian DUMAIS-LVOWSKI est magnifique, ça, j’en conviens, mais quand même, « études de  tristesse ».
D’autant que si vous teniez vraiment à étudier la tristesse, n’aurait-il pas mieux valu rester tout seul chez vous, parce que si la tristesse peut revêtir différentes formes, elle puise toujours son origine à la même source, à savoir la solitude du cœur.
Ce n’est pas moi qui l’affirme mais le grand Montesquieu lui-même. Je le cite : « la tristesse naît de la solitude du cœur qui se sent toujours fait pour jouir et qui ne jouit pas, qui se sent toujours fait pour les autres et qui ne les trouve pas ».
Alors évidemment, c’est de la philosophie et ça peut paraître un peu abscons, mais en fait, la thèse du grand homme est déconcertante de limpidité pour peu qu’on se donne la peine de l’illustrer concrètement, voyez plutôt.
Alors voilà, il faut imaginer que l’homme est un peu, si vous le voulez, comme un artichaut, il a un cœur et on souhaite y accéder. Sauf que l’on rencontre tout de suite un obstacle, à savoir, les feuilles.
Dans la proposition de Montesquieu, ces feuilles symbolisent l’ensemble des normes sociales qui structurent et définissent l’individu. Pour accéder au cœur, il faut donc savoir les repérer et les écarter. Et elles sont nombreuses les normes sociales. Il y a évidemment la langue maternelle, les références culturelles, le niveau d’étude, l’appartenance à une classe sociale, la religion, le positionnement politique, la culture familiale, les habitudes de consommation, le lieu de résidence, etc, etc, bon, on va pas y passer la soirée tant elles sont nombreuses ces normes sociales, bon alors, où j’ai mis ça, ha voilà, bouchez-vous les oreilles, BOUM !
Bien, une fois qu’on a fait péter les normes sociales, on n’accède toujours pas au cœur, mais aux poils, qui, on l’aura compris, symbolisent la zone des  pulsions, des  instincts, bref, de notre animalité.
Donc, en conclusion, Montesquieu nous explique que si on ne sait pas décrypter les normes sociales ou maîtriser ses instincts, on ne touche pas le cœur de l’autre, on reste seul avec soi-même, et de là surgit la tristesse, ce qui n’est pas rien puisque comme l’écrivait le grand  Victor Hugo, « l’enfer est tout entier contenu dans ce mot : solitude ».
Ha mais…, mais ne serait-ce pas là la raison première de votre présence ici ce soir. Ne seriez-vous donc pas en train de fuir justement l’enfer de cette solitude qui caractérise tant notre triste et soit-disant moderne époque.
Vous prenez encore le risque, sans crainte et sans armure comme disait Jacques Brel, de partager ensemble des émotions autour de cette lecture, quand bien même serait-ce une étude de  tristesse, avec d’autres personnes que vous ne connaissez même pas mais qui vous ressemblent tant.
Je vous aurais alors mal jugé ? Vous n’auriez en fait rien de commun avec la morne banalité.
 Loin des anonymes « Monsieur et Madame tout-le-monde », vous seriez en fait les dignes représentants de ces si rares rêveurs  qui n’ont pas honte de croire à la possibilité d’un bonheur réellement partagé à l’heure où, il faut bien le dire,  il est de si bon ton de se consoler l’âme avec les factices relations nouées avec des centaines d’amis virtuels dont on ne connaît pas même le visage ou de tromper l’absence en remplissant sans passion son caddy de corps étrangers attrapés à la va-vite dans les rayonnages glauques et impersonnels des sites de rencontres.
Vous me donnez subitement l’envie de me joindre à vous pour suivre cette « Etudes de tristesse », histoire de nourrir le fol espoir de terminer pour une fois cette journée par un  « au revoir » plein de promesses, au lieu des trop habituels et ordinatiques « quitter ; quitter ; éteindre »   
Belle lecture, bonne soirée.
 
  















mardi 30 juillet 2013

Entre deux Chroniques d'Olivier...

A l'occasion de la représentation à Chatel-Guyon et dans la perspective de la tournée automnale,
athra habille Le Procès de Pinocchio d'une création lumière pour salles peu ou non-équipées  ! 
Thank you Rosemonde !

La 3è chronique d'Olivier...


Chronique III : 29 Juillet 2013 // L’effacement, Compagnie Brut de Béton


Propos :
Comme des millions de « petites vieilles », Marie-Line a une histoire. Comme pour des centaines de milliers d’entre elles, cette histoire disparaît irrémédiablement. Marie-Line a de bonnes raisons de vouloir oublier ce monde. Il ne ressemble en rien à celui qu’elle avait construit durant le XXe siècle à travers ses « résistances ». 
Alors, elle nous fait un dernier « tour de piste » pour se montrer avant de s’égarer définitivement. Restes de chansons, bouts de phrases, réminiscence de mouvements, voilà ce qui lui permet encore d’être là. 
Beckettienne malgré elle, Marie-Line s’efface dans une certaine joie.

La chronique d’Olivier :
Bonsoir,

En ouverture de cette chronique, j’aimerais vous poser une question qui, selon l’expression consacrée, me brûle évidemment les lèvres,  mais surtout,  me taraude frénétiquement l’entendement.

Qu’est-ce-que vous faites là ?

Je veux dire, ce qui me plairait de savoir, c’est pourquoi, sans y être manifestement contraints, choisir de venir voir un spectacle sur la vieillesse, car vous l’aurez compris, L’effacement ne traite évidemment pas de la problématique de la dette grecque mais bien-sûr de ce stade ultime de l’existence où, sans être encore tout à fait un fantôme, on ressemble déjà manifestement à une sorte d’oubli.
Non, sincèrement, j’aimerais connaître la raison de votre présence ce soir, parce que, voyez-vous, moi, par exemple, je fais partie de ces gens que la vieillesse répugne. Et oui, je n’ai pas honte de le dire, la vieillesse me dégoûte, avec tous ses pathétiques tremblements, son cortège de plis adipeux et ses incontinents filets de bave qui viennent s’écraser dans un bruit mou sur des charentaises poisseuses et avachies. Beurk ! Quel manque de dignité que la vieillesse.
A mon âge, même si j’affiche ce port altier et ce teint frais que m’envient les premières communiantes, je ne supporte plus du tout l’idée du temps qui passe. La simple vision d’une date de péremption sur un pot de yaourt me plonge irrémédiablement dans une profonde mélancolie.
Du coup, je m’adapte. Je ne bois que du Beaujolais Nouveau, ne vais voir que des films de Mickael Young et ne ris qu’aux blagues d’Olivier Lejeune.
Et n’allez surtout pas croire, je vous en prie, qu’il s’agisse là d’une quelconque forme de lâcheté, non point. Je ne crains, par exemple, tel que vous me voyez, nullement la mort… des autres. Non, blague à part, la mort ne m’effraie pas plus que ça. La mort, convenez-en, est mille fois moins anxiogène que la vieillesse. La mort, c’est franc, c’est direct, ça arrive et hop, on part direct bras-dessus bras-dessous en voyage de fosse.
Alors que la vieillesse, vous serez d’accord, c’est sournois, ça s’immisce à l’insu de notre plein gré et ça peut vous ronger la couenne, comme un cancer, pendant plusieurs dizaines d’années.
Jacques Brel avait raison. Mourir, la belle affaire. Mais vieillir, ah, vieillir. D’autant que le problème avec la vieillesse, c’est de savoir quand elle commence.
Les sciences à ce jour restent totalement impuissantes à cerner l’instant précis où l’homme bascule vers le début de sa fin. La littérature ne nous renseigne guère plus.
Pour Eugène Ionesco, par exemple, si l’on en croit son Journal en Miettes, la vieillesse attaquerait dès la fin de l’enfance. « Tout va bien, écrit-il, tant qu’un quart d’heure de récréation est interminable, tant qu’on a le temps durant ce quart d’heure d’avoir l’idée d’un jeu, de le jouer, de le finir et d’en recommencer un autre. C’est alors le monde qui tourne autour de vous, puis un jour, au début de l’adolescence, on ne sait pas trop pourquoi, on bouge, on fait un pas, puis un autre, et on se met à courir, courir après les choses, courir avec les choses, alors on coule ».
Pierre Desproges, quant à lui, datait son vieillissement personnel du moment où, disait-il, il avait constaté qu’il commençait à s’essouffler dans les pentes trop dures ou les femmes trop molles. Bon ici, en Auvergne, étant franchement dotés ni des unes ni des autres, cette scientifique observation ne nous est d’aucun secours pour traquer notre éventuel début de compte à rebours personnel.
Et que dire de Victor Hugo qui lui, carrément, affirmait qu’il suffit à un homme de naître pour être assez vieux pour mourir.
Mais je parle, je parle, et les aiguilles tournent et vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous veniez chercher ce soir en venant assister à ce spectacle, L’effacement. J’en déduis donc que, soit vous faites partie d’un voyage d’études Modavio-ukrainiens et que vous ne comprenez pas un traître mot de ce que je vous raconte depuis 5 mn, soit votre silence est une délicate et pudique façon de me dire qu’il n’y a tout simplement pas de réponse à la raison de votre présence, pas plus qu’à la mienne d’ailleurs.
N’en déplaise au grand William, « to be or not be » n’a peut-être aucun sens et que la seule question qui vaille vraiment c’est « comment » être ou ne pas être. Et à vous voir là, tranquillement assis ensemble, apaisés, peut-être même heureux, vous donneriez presque envie.
Peut-être est-ce vous qui avez raison.
Peut-être que la meilleure façon de se tenir, après tout, à l’écart de la vieillesse, c’est, comme vous, de savoir prendre son temps.
Prendre encore le temps de s’émerveiller de ce cadeau fou et incompréhensible qu’est la vie juste pour le plaisir de rire, de pleurer, de s’émouvoir.
Alors oui, venir au spectacle pour contempler, une fois encore, avec L’effacement, la beauté d’une fin de vie juste parce que c’est encore de la vie, au même titre que la fin d’une histoire d’amour, c’est encore un petit bout d’une histoire d’amour.
Oui, vous avez sans doute raison, courir après le temps, comme le lapin d’Alice au Pays des Merveilles, ce n’est pas vivre, alors, allons lentement puisque nous sommes pressés, et vivons.
Je deviendrai vieux, vous deviendrez vieux, et alors, on retombera tous enfin en enfance, on retrouvera notre quart d’heure infini de jeux dans la cour de récréation, on rira sans plus se soucier du temps, la mort essaiera de nous attraper et nous, on lui tirera la langue, juste comme ça pour la narguer, pour lui faire comprendre qu’on est trop rapide pour elle et qu’elle ne nous aura jamais vivants. Bonne soirée.

vendredi 26 juillet 2013

Les chroniques d'Olivier, II...


Chronique II : 24 Juillet 2013 // Les Labrènes, Tomasso Landolfi, Lecture de Jean-Marc Bourg

Propos :
Nouvelle surréaliste, voire absurde, Les Labrènes nous plonge dans un univers proche de La métamorphose de Kafka. Le narrateur assiste à son propre enterrement et, alors que le maçon scelle la pierre tombale, le voilà revenu au grand air pour porter un regard nouveau sur sa famille.
Disparaître, c’est aussi faire de la place aux autres, et les revenants ne sont pas toujours accueillis avec bonheur. De quoi développer aisément suspicion et paranoïa. Et lorsque tout va de mal en pis, les labrènes apparaissent…
Les lecteurs de Nicolas Bouvier se souviennent peut-être du terrible combat entre les fourmis et les termites, dans son roman Le poisson-scorpion, lu au jardin du muséum par un certain Jean-Marc Bourg !

La chronique d’Olivier :
Bonsoir,
En ouverture de cette chronique, j’aimerais vous poser une question qui, selon l’expression consacrée, me brûle évidemment les lèvres,  mais surtout,  me taraude frénétiquement l’entendement :
Qu’est-ce-que vous faites là ?
La question ne s’adresse évidemment pas à nos amis séniors, qui, ayant lu sur le programme «les labrènes » s’imaginent sans doute, les pauvres,  pouvoir tromper leur ennui de vieux  en assistant à une conférence sur les insectes et autres bestioles rampantes  dans l’interminable attente de  septembre, date à laquelle, reprendront enfin  les projections de « connaissance du monde ».   
Non, la question, le « que faites-vous là ? », s’adresse aux autres, à tous ceux qui, dans la force de l’âge, pourraient occuper cette douce soirée d’été à de sensuelles et  bouleversantes occupations.
Moi par exemple, dès que j’en aurai fini avec cette chronique, je pars retrouver ma chère et tendre avec laquelle j’espère bien pouvoir me livrer à quelques délectables prouesses corporelles qui, et je m’en excuse par avance, risquent fort de contribuer gravement au réchauffement climatique.      
Mais vous ? Vous, qui n’êtes ni chroniqueur ni vieux, pourquoi donc êtes-vous là ?
Je veux dire, quelle lubie vous a pris pour venir, de votre plein gré j’imagine, assister à une lecture de l’œuvre de Tommaso Landolfi, « Les labrènes », remarquez que j’ai bien dit « quelle lubie vous a pris » et non pas « quelle mouche vous a piqués ? », hein,  sinon tout de suite les vieux « alors c’est sur les insectes ou c’est pas sur les insectes ? ». Non, et définitivement non !


  « Les labrènes » ne parlent pas d’insectes, mais de l’humain, et même plus précisément d’une caractéristique qui  nous différencie justement et à jamais du règne animal, à savoir notre incroyable et irrépressible capacité à nourrir ce qu’il est convenu d’appeler de la suspicion.
Oui, Mesdames et Messieurs, la suspicion, ce délire interprétatif, construit sur une perception faussée du réel, qui peut conduire chacun d’entre nous dans les affres délirants et sans retour de la spirale paranoïaque.
D’autant que l’époque, pleine de doutes et de défiance, n’a jamais été aussi propice à la  contamination généralisée de cette horrible suspicion chez les uns et les autres.
Il suffit d’ouvrir un journal pour constater, vous en conviendrez,  que la défiance est même le moteur principal de l’actualité contemporaine. Défiance vis-à-vis des modèles économiques, défiance vis-à-vis des représentants politiques, défiance vis à  vis des autres cultures, des autres religions etc…etc. On en vient même, folle extrémité, à suspecter la présence de coureurs sains chez les drogués du Tour de France.
Mais si la suspicion peut s’immiscer dans la plénitude du vaste champs des relations humaines, elle n’est jamais aussi douloureuse et dévastatrice que lorsqu’elle prend place dans le doux et néanmoins fragile cocon des relations amoureuses.
Tiens, un petit test : Qui parmi vous est totalement assuré de la fidélité de sa compagne ou de son compagnon ? Allez-y, n’ayez pas peur levez la main on est entre nous.
Voilà, à par deux mythomanes, force est de constater que la suspicion guette potentiellement chacun d’entre nous. Et comment pourrait-il en être autrement ?
N’y a-t-il de plus grand supplice, pour le commun des mortels, que d’imaginer l’être aimé,  l’être à qui on eut donné de l’or et des bijoux comme disait l’autre, pour qui on eut vendu son âme pour quelques sous même, et bien de l’imaginer, cet être-là justement, défaillir de plaisir sous les libidineuses et animales caresses d’une personne étrangère.
Enfin étrangère, mais  que vous connaissez la plupart du temps, et dont vous ne vous êtes jamais méfié tant sincèrement vous n’auriez jamais imaginé que le potentiel de séduction puisse attirer autre chose qu’un coléoptère aveugle et à moitié déprimé. Je sais les anciens, j’ai dit coléoptère, mais je vous assure que c’est vraiment pas le sujet, ça suffit maintenant.
 Quand la suspicion s’installe, disais-je, tout s’explique soudain, tout devient évident. Il ne vous manque que la preuve de la haute trahison, car sinon tout concourt à renforcer à chaque seconde vos soupçons ; les mots de l’autre sentent désormais  irrémédiablement la duplicité à plein nez et ses silences sont carrément des aveux.
Oui, c’est clair, vous êtes sans conteste la victime d’un perfide et machiavélique complot, « on vous ment, on vous trompe » comme le faisait déjà remarquer en son temps une certaine Arlette, ça crève les yeux comme on dit, mais ils ne savent pas à qui ils ont à faire ha ! ha !, et leur misérable duplicité va leur coûter très cher. L’heure de la vengeance a sonné et croyez-moi, ça va saigner.
Voilà, la mécanique fatale est enclenchée, le système paranoïaque est en place, et l’inévitable peut désormais advenir.
C’est à ce genre de folie proprement humaine que vous êtes venus assister au travers de la nouvelle de Tommaso Landolfi intitulée« les labrènes ».
Alors oui peut-être suis-je finalement en train de comprendre la raison de votre présence ici.
Bien sûr, vous êtes venus constater une fois encore l’incroyable fragilité d’une histoire d’amour, cette chose si précieuse sans laquelle, pour paraphraser Nietzsche, la vie ne serait qu’une faute, une erreur.
Et je crois surtout que je viens de comprendre la présence des plus âgés parmi vous. Vous êtes venu savourer les pièges de la vie, dans lesquels vous avez eu l’élégance de ne pas tomber, histoire d’avoir fait tout ce chemin  juste pour le plaisir quasi enfantin de susurrer à l’oreille de votre douce et, espérons-le,  éternelle moitié,  les bouleversants mots de Jacques Brel :  « oh ! Mon amour, il nous fallut bien du courage, il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adultes, oh ! Mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour, je t’aime encore, tu sais, je t’ai-ai-me ». Belle soirée.
      




  






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